Entreprendre en solo est une démarche qui séduit de nombreux créateurs d’entreprise. Mais face à la diversité des statuts juridiques possibles, il est essentiel de bien s’informer pour choisir le statut adapté à votre projet. En tant qu’avocat, je vous propose un tour d’horizon des différents statuts d’entreprise individuelle, afin de vous aider à y voir plus clair et à faire le bon choix.
L’entreprise individuelle classique (EI)
L’entreprise individuelle est le statut juridique le plus simple et le plus courant pour créer une entreprise en France. Dans ce cas, l’entrepreneur est responsable sur ses biens propres des dettes de l’entreprise. L’établissement des comptes annuels est simplifié, et l’imposition se fait au nom de l’entrepreneur, dans la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux (BIC) ou des bénéfices non commerciaux (BNC).
Toutefois, l’inconvénient majeur de ce statut réside dans la confusion entre les patrimoines personnel et professionnel, puisque les créanciers peuvent saisir les biens personnels de l’entrepreneur en cas de difficultés financières. Pour pallier ce problème, il existe une option appelée EIRL (Entreprise Individuelle à Responsabilité Limitée), qui permet de limiter la responsabilité de l’entrepreneur.
L’EIRL : protéger son patrimoine personnel
Créée en 2011, l’EIRL est une évolution de l’entreprise individuelle classique, qui permet de dissocier le patrimoine personnel du patrimoine professionnel. Ainsi, en cas de problème financier, les créanciers ne peuvent saisir que les biens affectés à l’activité professionnelle.
Pour bénéficier de ce statut, il faut effectuer une déclaration d’affectation du patrimoine professionnel auprès du registre du commerce et des sociétés (RCS) ou du répertoire des métiers (RM). L’EIRL est soumise à un régime fiscal spécifique : l’entrepreneur peut choisir entre l’imposition sur le revenu (IR) et l’imposition sur les sociétés (IS).
L’auto-entrepreneur ou micro-entrepreneur
Le statut d’auto-entrepreneur, également appelé micro-entrepreneur, est un régime simplifié de l’entreprise individuelle. Il s’adresse aux personnes qui souhaitent exercer une activité indépendante à titre principal ou complémentaire, avec un chiffre d’affaires limité.
L’un des principaux avantages de ce statut est la simplicité des démarches administratives : déclaration et paiement des cotisations sociales et fiscales en ligne, pas d’établissement de comptes annuels, pas de TVA à facturer. Le micro-entrepreneur bénéficie également d’un régime fiscal avantageux, avec un abattement forfaitaire pour frais professionnels.
Cependant, il convient de noter que ce statut est soumis à des plafonds de chiffre d’affaires, au-delà desquels l’entrepreneur doit basculer vers un autre régime juridique. De plus, comme pour l’entreprise individuelle classique, la responsabilité de l’auto-entrepreneur est illimitée sur ses biens propres.
La société unipersonnelle : EURL et SASU
Pour ceux qui souhaitent créer une entreprise avec une structure juridique plus solide et protéger leur patrimoine personnel, il est possible de constituer une société unipersonnelle, c’est-à-dire une société avec un seul associé. Il existe deux types de société unipersonnelle : l’EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée) et la SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle).
L’EURL est une variante de la SARL avec un seul associé. Le capital social est librement fixé par l’entrepreneur, et sa responsabilité est limitée au montant de ses apports. L’EURL offre également une certaine souplesse en matière de gestion et d’organisation. En revanche, elle implique des formalités plus contraignantes que l’entreprise individuelle, notamment en matière de comptabilité et d’assemblées générales.
La SASU est quant à elle une déclinaison de la SAS avec un seul associé. Elle offre encore plus de flexibilité que l’EURL en termes de règles de fonctionnement et de gouvernance. De plus, le président – dirigeant de la SASU – est assimilé-salarié, ce qui lui permet de bénéficier du régime général de la sécurité sociale. Toutefois, la création d’une SASU entraîne des coûts plus élevés et des obligations comptables plus lourdes que pour une entreprise individuelle.
Il est important de noter que les sociétés unipersonnelles peuvent être transformées en sociétés pluripersonnelles (SARL ou SAS) si l’entrepreneur souhaite s’associer avec d’autres personnes par la suite.
Quel statut choisir pour votre entreprise individuelle ?
Le choix du statut juridique dépend avant tout de vos objectifs et de vos contraintes. L’entreprise individuelle classique ou l’EIRL sont adaptées aux petites structures et aux activités ne présentant pas de risques financiers importants, tandis que le statut d’auto-entrepreneur convient aux projets modestes ou complémentaires.
Si vous souhaitez protéger votre patrimoine personnel et disposer d’une structure juridique plus solide, il peut être intéressant de créer une société unipersonnelle (EURL ou SASU). Dans tous les cas, n’hésitez pas à consulter un avocat spécialisé en droit des affaires pour vous accompagner dans le choix du statut le plus adapté à votre projet.
Pour résumer, les différents statuts d’entreprise individuelle offrent des options variées aux entrepreneurs souhaitant se lancer en solo. Chacun présente ses avantages et ses inconvénients, qu’il convient de peser soigneusement en fonction de vos objectifs, de votre activité et de votre situation personnelle. Prenez le temps d’étudier chaque statut et de vous entourer de conseils professionnels pour faire le choix le plus éclairé possible.